La représentante permanente des Émirats arabes unis (EAU) auprès de l’ONU, Lana Zaki Nusseibeh, a fait une déclaration au Conseil de sécurité des Nations unies, affirmant l’engagement des EAU à défendre les droits de l’homme de tous les individus, quelle que soit leur religion ou leur appartenance ethnique, lors d’un débat ouvert intitulé “Les victimes d’attaques et d’abus pour des raisons ethniques ou religieuses au Moyen-Orient” et présidé par le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius.
Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a informé le Conseil au début du débat, suivi par le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Zeid Al Hussein. Sa Béatitude Louis Raphaël Sako, le chef du Patriarche catholique chaldéen de Babylone, et Mme Vian Dakhil, parlementaire irakienne Yazidi, ont été invités à faire des déclarations.
Dans ses remarques, le Secrétaire général Ban Ki-moon a annoncé son intention de convoquer un groupe consultatif sur le Moyen-Orient, qui sera chargé de la dynamique interreligieuse et intrasectorielle ainsi que d’un plan d’action pour prévenir l’extrémisme violent, qui sera lancé lors de la 70e Assemblée générale des Nations unies en septembre prochain. Il a également annoncé qu’une réunion de haut niveau sur le dialogue interreligieux est prévue en avril en coopération avec le bureau du président de l’Assemblée générale.
Le Haut-Commissaire Zeid a noté que la répression délibérée et systématique en Syrie ainsi que le conflit prolongé dans la région ont forcé les sociétés autrefois tolérantes à se replier sur des identités ethniques et sectaires. Zeid a ensuite précisé que le fanatisme se développe dans les États qui trahissent leur peuple et ceux qui attaquent les militants de la société civile. Il a désigné Daesh comme étant le défenseur d’une vision du monde totalitaire Takfiri qui souhaite plonger la région dans l’obscurité. Il a demandé que la situation en Irak et en Syrie soit portée devant la Cour pénale internationale.
Dans sa déclaration, l’ambassadeur Nusseibeh a fait la lumière sur les actes horribles perpétrés par des groupes extrémistes tels que Daesh, qui exploitent cyniquement les différences religieuses et ethniques afin de faire avancer leur programme brutal et violent.
Elle a également rappelé que, bien que la jeunesse du Moyen-Orient n’ait été témoin que de troubles dans l’histoire récente, les peuples de la région formaient auparavant “une vaste mosaïque de communautés entrelacées – caractérisées par des croyances, des tribus et des ethnies différentes vivant en harmonie les unes à côté des autres”. Elle a souligné que, contrairement à l’image véhiculée par Daesh, la religion de l’islam est respectueuse de toutes les religions. Tant que Daesh continuera à survivre, toutes les communautés seront menacées – l’extrémisme violent ne connaît pas de frontières”, a-t-elle poursuivi.
Elle a déclaré : “L’islam reconnaît et honore les grandes religions qui l’ont précédé. Tout au long de notre histoire, les minorités religieuses ont été protégées dans les communautés musulmanes contre ceux qui cherchaient à leur nuire”.
L’ambassadeur Nusseibeh a décrit Jérusalem à différents moments de son histoire comme un exemple de cette coexistence pacifique de différents peuples : “Jérusalem est non seulement un symbole de notre histoire commune de coexistence spirituelle, mais aussi un brillant phare d’espoir que la paix et la tolérance peuvent être à nouveau atteintes en Terre sainte”. La question palestinienne reste la plus grande injustice non résolue dans la région arabe et au-delà, et alimente les efforts de recrutement des extrémistes. Elle a remercié la présidence française du Conseil de sécurité pour les efforts qu’elle a déployés afin de mener à bien la résolution de cette question cruciale, et a exhorté le Conseil à jouer son rôle.
Citant les EAU comme exemple, l’ambassadeur Nusseibeh a déclaré qu’il était possible de faire revivre la “riche tapisserie culturelle du Moyen-Orient” qui existait autrefois. “Plus de 200 nationalités différentes vivent, travaillent et pratiquent librement leur propre religion aux EAU”, a-t-elle poursuivi.
L’existence d’une telle diversité multiethnique et multireligieuse en harmonie, a-t-elle expliqué, est possible aux EAU grâce à un leadership visionnaire et à des institutions fortes. De plus, ces “piliers de stabilité” sont renforcés par “l’opportunité d’éducation, le développement économique, le respect des droits de l’homme, l’état de droit et le rôle important des femmes en tant que partenaires dans cette entreprise”.
Dans ses remarques finales, l’ambassadrice Nusseibeh a formulé plusieurs recommandations : Elle a appelé le Conseil de sécurité à “condamner sans relâche la persécution systématique des minorités où qu’elles se produisent” et a exhorté les États membres à rechercher des solutions par le biais de la Charte des Nations unies, “le document suprême des principes communs” dont dispose la communauté internationale. Elle a ajouté que “les États membres doivent avoir le courage de faire ce qui est juste, et pas seulement ce qui est politiquement opportun”.
Elle a également affirmé que les États de la région touchée doivent être consultés par la communauté internationale pour trouver des solutions. Elle a ajouté que “des sociétés sûres et stables sont la pierre angulaire de la bonne gouvernance, et nous devons aider notre région à se stabiliser pendant cette période de turbulences”. “Il faut mettre en place et maintenir des institutions et des mécanismes solides qui protègent les droits de l’homme et donnent l’alerte rapidement pour prévenir les violations et y répondre”, a-t-elle conclu.