NEW YORK – 28 septembre 2020 – Les gouvernements des Émirats arabes unis, de la Norvège et de la Somalie, en collaboration avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ont réuni aujourd’hui près de 1 000 délégués pour évaluer et élargir les engagements visant à mettre fin à la violence sexuelle et sexiste (VSS) dans les contextes humanitaires. Nadia Murad et Denis Mukwege, conférenciers principaux et lauréats du prix Nobel de la paix, ont souligné que la violence sexuelle et sexiste se concentrait de manière disproportionnée dans les zones de conflit et de catastrophe, en particulier en pleine pandémie de COVID-19.
Cet événement de haut niveau fait suite à la conférence “EndSGBV”, qui s’est tenue à Oslo en mai 2019 et qui a permis de rassembler 366 millions de dollars pour le travail sur les VSS et d’établir un ensemble d’engagements et de normes renforcées pour prévenir, répondre et protéger contre les VSS dans les crises humanitaires, y compris les conflits. Dans le cadre de l’Assemblée générale, l’organisme de recherche indépendant Humanitarian Outcomes a indiqué que 86 % des promesses financières d’Oslo pour 2019 avaient été versées, en grande partie par l’intermédiaire des Nations unies et des ONG humanitaires.
La violence sexuelle et sexiste touche une femme et une fille sur trois dans le monde, les recherches suggérant que deux sur trois sont victimes dans certains contextes humanitaires, avec des conséquences sociales, psychologiques et économiques durables pour les survivantes et leurs communautés. L’ONU estime que la violence sexuelle et sexiste coûte au monde 2 % de son PIB annuel.
Les conférenciers de l’événement – un panel composé de ministres, de dirigeants de la société civile, de cadres d’agences, de survivantes de la violence sexuelle et sexiste et d’ONG – ont souligné l’importance des résultats en matière de “localisation”, c’est-à-dire la fourniture de l’aide par le biais d’organisations communautaires. Les agences des Nations unies et de nombreux acteurs humanitaires internationaux se sont engagés à verser 25 % du financement total par l’intermédiaire d’entités locales responsables de la mise en œuvre. Le FNUAP a annoncé lors de l’événement qu’il avait atteint 38 %. Les intervenants ont également souligné l’importance de faire de la protection contre la violence sexuelle et sexiste un élément intégral et prioritaire des plans et budgets d’intervention humanitaire. Ils ont mis en avant les mesures visant à coordonner les efforts et les budgets d’aide humanitaire, de développement et de paix afin de traiter de manière globale la prévention et le rétablissement de la violence sexuelle et sexiste, parallèlement à une intervention opérationnelle immédiate. Les EAU ont en outre annoncé une nouvelle allocation d’un million de dollars de financement, dont 500 000 dollars pour les programmes GenCap et ProCap, qui fournissent des conseillers en matière de genre et de VSS aux opérations humanitaires des Nations unies, ainsi que 500 000 dollars pour l’initiative de Nadia en faveur de l’autonomisation économique des survivantes et des femmes rapatriées à Sinjar, en Irak.
Les co-organisateurs de l’événement ont confirmé que les rapports et le suivi des engagements relatifs à la lutte contre les VSSG seraient liés à l’Appel à l’action pour la protection contre la violence sexiste dans les situations d’urgence, dont la stratégie quinquennale a été lancée le vendredi 25 septembre.
CITATIONS :
S.E. Reem Al Hashimy, ministre d’État pour la coopération internationale, EAU : “La violence sexuelle et sexiste est une manifestation des choix que nous faisons, en tant que sociétés, quant à la valeur du sexe et de l’âge. Lorsque nous choisissons une bonne politique, l’éducation, un financement suffisant, l’autonomisation des femmes et des organisations locales, nous constatons des revirements étonnants dans les taux de VSS ainsi qu’une justice et un rétablissement significatifs pour les survivantes. Mettre fin aux VSS est un investissement dans notre paix, notre prospérité et notre humanité. Les Émirats arabes unis sont déterminés à œuvrer dans ce sens”.
S.E. Ine Marie Eriksen Søreide, ministre des affaires étrangères, Norvège : “La protection contre la violence sexuelle et sexiste doit se voir accorder une plus grande priorité dans la réponse humanitaire. Elle doit par ailleurs être étroitement liée aux efforts à long terme de prévention de la violence sexuelle et sexiste et de lutte contre l’impunité”.
La directrice exécutive du FNUAP, Natalia Kanem, a déclaré : “Qu’elle vive dans une maison ou dans une tente dans un camp de réfugiés, chaque femme a droit à la paix dans son foyer. Le COVID-19 a fait régresser les avancées réalisées et nous constatons une recrudescence de la violence sexiste dans le monde entier. Une action collective plus efficace est nécessaire de toute urgence pour protéger les droits des femmes et des filles. Le FNUAP dirige les efforts visant à prévenir et à répondre à la violence sexiste dans les crises humanitaires et à garantir que chaque femme et chaque fille bénéficie des services de santé sexuelle et reproductive essentiels et vitaux dont elle a besoin”.
Robert Mardini, directeur général du CICR : “Notre priorité actuelle est d’empêcher que la violence sexuelle ne se produise en premier lieu. Nous appelons les États et les acteurs armés à respecter les obligations énoncées par le droit international humanitaire. Aujourd’hui, à l’issue de l’événement #EndSGBV, nous avons trois demandes clés à adresser aux États pour qu’ils soutiennent les victimes/survivantes. Nous leur demandons, tout d’abord, de reconsidérer toute politique qui subordonne les soins post-VSS à la divulgation non confidentielle d’informations sur les victimes. Deuxièmement, de donner la priorité à un accès digne aux soins de santé pour les survivantes de violences sexuelles. Et troisièmement, de veiller à ce que les organisations locales – dirigées par des femmes et spécialisées dans les VSS – jouent un rôle clé dans l’analyse et le dialogue sur la suppression des obstacles à l’aide et aux soins”.
Ramesh Rajasingham, chef adjoint de l’aide humanitaire des Nations unies : “La pandémie de coronavirus a catapulté la violence sexiste au premier rang de nos priorités. Nous devons de toute urgence accroître le soutien aux survivantes dans les contextes humanitaires. Cependant, nous disposons de moins de 15 % des 428 millions de dollars américains explicitement demandés dans les appels interinstitutions, notamment l’appel mondial relatif au COVID-19. Nous devons faire davantage pour établir des priorités et financer ce travail. Nous devons également remettre en question les attitudes qui permettent à cette violence de se produire, nous attaquer aux causes profondes et promouvoir la participation et le leadership des femmes dans la prise de décision humanitaire”.
Nadia Murad, Prix Nobel de la Paix et Présidente de l’Initiative de Nadia : “Les survivantes savent mieux que quiconque ce dont elles ont besoin pour guérir et se rétablir. Les efforts visant à les impliquer à tous les niveaux de leur rétablissement leur conféreront une plus grande autonomie”.
Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix et gynécologue : “Il ne peut y avoir de paix sans justice, car on ne peut pas construire la paix sur des fosses communes.”