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M. le Président,

Je voudrais me joindre aux autres intervenants pour féliciter la République dominicaine pour sa présidence du Conseil de sécurité et pour avoir porté cette importante question à l’attention du Conseil. La longueur de la liste des orateurs montre l’importance de ce sujet pour les États membres.

Il ne fait aucun doute que le changement climatique est la question déterminante de notre époque, et je voudrais remercier le ministre des affaires étrangères Manuel Vargas d’avoir organisé la discussion critique d’aujourd’hui. J’aimerais également remercier les rapporteurs de ce matin pour leurs présentations.

Les Émirats arabes unis se sont engagés à agir pour le climat et nous attendons avec impatience le sommet du Secrétaire général sur le climat qui se tiendra dans le courant de l’année. Nous applaudissons le leadership du Secrétaire général et son travail inlassable pour lutter contre le changement climatique. Nous sommes fiers d’accueillir la réunion préparatoire du sommet en juin à Abou Dhabi, comme l’a annoncé hier le secrétaire général.

Le changement climatique a depuis longtemps cessé d’être une préoccupation réservée aux seuls environnementalistes. Faire face au changement climatique – ou à “l’adaptation” selon les termes des experts – est désormais une réalité, car les États membres des Nations unies sont confrontés à des températures extrêmes, à des catastrophes naturelles de plus en plus intenses et à des migrations humaines influencées par le climat. Cette adaptation est en outre souvent synonyme d’aide humanitaire et de planification.

Bien qu’il ne s’agisse pas strictement d’une question de sécurité au sens traditionnel du terme, comme d’autres questions discutées devant ce Conseil, nous devons reconnaître que le changement climatique aggravera les problèmes de sécurité existants à l’avenir et en créera potentiellement de nouveaux.

Les experts militaires de nombreux pays ont conclu il y a longtemps que le changement climatique pose des menaces existentielles de déplacement et d’extinction pour certaines nations. En outre, l’insécurité alimentaire et hydrique, la perte d’abris, la détérioration des moyens de subsistance et le sentiment d’impuissance à la suite de catastrophes répétées créent des terrains propices au désespoir, à l’extrémisme et à l’instabilité.

Les EAU sont profondément préoccupés par l’impact de ces défis climatiques urgents, non seulement à l’intérieur de leurs propres frontières, mais aussi dans le monde entier, car nous savons que la sécurité de notre pays dépend de la sécurité des autres, et parce que nous savons que c’est un problème auquel nous pouvons nous attaquer ensemble.

Le Conseil de sécurité a récemment reconnu le lien entre le changement climatique et l’instabilité en 2017. Par exemple, des groupes terroristes, dont Boko Haram, ont profité du rétrécissement spectaculaire du lac Tchad – plus de 90 % au cours des quarante dernières années – et des récentes sécheresses pour recruter ceux qui ont perdu leurs moyens de subsistance en raison de l’insécurité liée au climat.

Dans les océans Pacifique et Indien, le changement climatique constitue une menace pour la survie même de nombreux petits États insulaires. Si nous n’agissons pas pour lutter contre le changement climatique, un certain nombre de ces pays pourraient être continuellement dévastés, voire submergés, ce qui déclencherait des mouvements de population et créerait de nouveaux défis en matière de contrôle et d’intégrité du territoire.

M. le Président,

La prise en compte du lien entre le changement climatique et la sécurité internationale n’exige pas nécessairement un changement dans la mécanique du Conseil de sécurité, mais nous devrions faire davantage pour recadrer l’action en faveur du climat. La réduction des émissions de gaz à effet de serre et le financement des moyens de subsistance dans les régions frappées par la sécheresse, bien que traditionnellement considérés comme des questions de développement ou des questions humanitaires, sont en fait des investissements dans la sécurité, et doivent être compris comme tels.

En général, les États membres, les donateurs et le système des Nations unies doivent cibler explicitement l’insécurité par le biais de l’action climatique.

Cela pourrait prendre la forme d’engagements à intensifier les activités de développement dans les endroits les plus susceptibles de connaître une insécurité liée au climat ou qui en connaissent déjà une. Par exemple, de nombreux pays vulnérables au changement climatique ont des taux de chômage élevés, en particulier chez les jeunes. Un travail de développement et humanitaire ciblé qui fournit des moyens de subsistance, une éducation ou une formation pourrait atténuer le risque que le chômage lié au climat contribue à l’insécurité.

De même, les États membres, les donateurs et le système des Nations unies pourraient combiner leurs efforts actuels pour réduire les émissions de gaz à effet de serre avec un effort renouvelé pour construire des infrastructures résistantes dans les communautés vulnérables au climat. Par exemple, l’utilisation de l’énergie solaire pour alimenter les centres de santé, les écoles et les entreprises pourrait simultanément atténuer le changement climatique et les facteurs qui contribuent à l’insécurité.

Les pays donateurs et les agences internationales de développement pourraient également allouer leurs fonds en se basant sur des modèles scientifiques qui prédisent où les catastrophes climatiques sont susceptibles de se produire. Un financement basé sur les prévisions peut renforcer la résilience des communautés à risque et endiguer les retombées d’une catastrophe naturelle qui déclenche l’insécurité et les migrations de population.

C’est le genre d’options pratiques et d’engagements possibles que nous espérons présenter lors de la réunion préparatoire du sommet sur le climat qui se tiendra en juin aux Émirats arabes unis.

La session d’aujourd’hui est la preuve que le lien entre le changement climatique et l’insécurité est réel, et exige une attention concrète de la part de cette assemblée.

Je vous remercie, Monsieur le Président.