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Je tiens à remercier le ministre Maas et l’Allemagne d’avoir convoqué cette réunion, ainsi que la représentante spéciale Pramila Patten et l’envoyée spéciale du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés Angelina Jolie d’avoir souligné de nombreux points importants aujourd’hui.

Monsieur le Président,

Cette année marque le vingtième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325, et le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la déclaration et du programme d’action de Pékin. Malgré certains progrès, la violence sexuelle, notamment le viol, continue d’être largement utilisée comme une tactique de guerre dans les situations de conflit, avec des conséquences dévastatrices tant pour les individus et leur famille que pour le maintien de la paix et la reprise économique au sens large. La COVID-19 a également exacerbé le problème des violences sexuelles et sexistes, ce qui souligne combien il est nécessaire que la communauté internationale redouble d’efforts pour lutter contre les violences sexuelles liées au conflit dans sa réponse à la pandémie. Mon pays a soutenu l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial face à la pandémie de COVID-19, ce qui réduirait lesdites violences et permettrait de venir en aide aux victimes.

Monsieur le Président,

Notre région se remet encore des horreurs de l’État islamique et des conséquences des peines et des souffrances infligées aux peuples syrien et irakien. On ne saurait oublier les femmes et les enfants qui ont été réduits à l’esclavage sexuel et torturés par les terroristes et les extrémistes.

Il est inacceptable qu’à ce jour, les auteurs de ces actes n’aient pas été traduits en justice pour répondre de leurs crimes. En tant qu’États membres, nous nous devons de veiller à ce que les auteurs de violences sexuelles répondent de leurs actes et soient traduits en justice.

L’année dernière, le Conseil a adopté la résolution 2467, qui consolide les principes de justice et de responsabilité, et appelle à une approche centrée sur les survivants dans la prévention et la réponse à la violence sexuelle liée aux conflits.

Je voudrais profiter de cette occasion pour faire part des efforts déployés par les Émirats arabes unis pour parvenir à ce résultat.

Reconnaissant le sort des femmes yazidis, les Émirats arabes unis ont collaboré à l’initiative de Nadia pour veiller à ce que la communauté de Sinjar se remette des violences sexuelles liées au conflit. Le rapport du Secrétaire général confirme que plus de 1 000 cas de violence sexuelle liée au conflit ont été commis principalement contre des femmes et des filles yazidis. L’initiative de Nadia est un véritable plaidoyer pour les survivants du génocide et de la violence sexuelle, dont les programmes sont axés sur la communauté et les survivants. Les EAU ont financé les efforts de reconstruction et ont fait don de plus de 2 millions de dollars pour assurer des projets complets d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène à plus de 60 000 Yazidis vivant dans six villages de Sinjar. Pour les survivants de violence sexuelle, il est crucial d’avoir une chance de repartir à zéro dans leur pays d’origine.

L’année dernière, les Émirats arabes unis ont également co-organisé la conférence “Mettre fin aux violences sexuelles et sexistes” conjointement avec la Norvège, les Nations unies et d’autres partenaires. Ils se sont notamment engagés à verser 10 millions de dollars pour financer toute une série d’organismes de lutte contre lesdites violences. Par ailleurs, nous avons versé l’une des plus importantes contributions humanitaires jamais réalisées au Fonds des Nations unies pour la population en 2019, à savoir 25 millions de dollars, ce qui permettra à l’agence de poursuivre son travail en faveur des femmes dans les communautés touchées par les conflits. Les Émirats arabes unis ont également consacré une contribution financière à l’équipe d’enquête des Nations unies pour la promotion de la responsabilité des crimes commis par l’État islamique (UNITAD), afin que cette dernière puisse intensifier ses efforts en matière d’enquêtes sur les crimes sexuels et sexistes.

En début d’année, la deuxième cohorte du programme conjoint EAU-ONU pour la paix et la sécurité des femmes a terminé brillamment sa formation militaire et de maintien de la paix. La nouvelle cohorte de diplômés comprenait 223 femmes de 11 pays d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient. Le programme est parvenu à renforcer les compétences des femmes dans notre région et au-delà. Une participation significative des femmes dans le secteur de la sécurité permet de protéger et de prévenir activement la violence sexuelle liée aux conflits, tout en créant un environnement favorable à l’autonomisation des femmes dans le monde entier.

Dans le cadre de notre série de tables rondes avec l’Institut de Georgetown pour les femmes, la paix et la sécurité, nous organiserons à New York, le 23 juillet, une table ronde de haut niveau sur l’accès des femmes à la justice dans la reconstruction post-conflit. Ce colloque inclura une discussion approfondie sur l’amélioration de la mise en œuvre d’une législation sensible à la dimension de genre ainsi que sur les obstacles culturels et structurels à l’accès des femmes à la justice.

Monsieur le Président,

Par ailleurs, les EAU prennent note des recommandations du Secrétaire général sur la violence sexuelle liée aux conflits et souhaitent mettre en avant les priorités suivantes :

Premièrement, notant l’augmentation des actes de violence sexuelle et sexiste pendant la pandémie de COVID-19, nous appelons les autres États membres à continuer de soutenir financièrement et politiquement l’équipe d’experts des Nations unies sur l’État de droit et la violence sexuelle en temps de conflit afin de lui permettre de poursuivre son travail essentiel consistant à s’assurer que les auteurs de crimes de violence sexuelle répondent de leurs actes.

Deuxièmement, afin de renforcer la prévention dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité, nous devons soutenir les pays touchés à la fois sur les plans financier et technique afin d’améliorer leur réponse à la violence sexuelle liée aux conflits. Nous devons également intensifier la représentation des femmes dans les services de police nationaux, vu notamment la corrélation positive entre le pourcentage de femmes officiers et les taux de signalement des crimes liés à la violence sexuelle.

Troisièmement, nous devons nous assurer que tous nos efforts pour documenter et enquêter sur les violences sexuelles sont centrés sur les survivants et bien coordonnés, et qu’ils respectent les principes de sécurité, de confidentialité, de consentement éclairé, d’indépendance et d’impartialité.

En conclusion, je tiens à réaffirmer l’engagement des Émirats arabes unis à lutter contre le problème de la violence sexuelle dans les situations de conflit. Nous devons œuvrer ensemble pour renforcer les mesures de conformité et démanteler les barrières structurelles afin de faire davantage pour les survivants et les personnes exposées auxdites violences, en particulier en ces temps difficiles de la pandémie de COVID-19.

Je vous remercie, Monsieur le Président.