Partager

Les Émirats arabes unis tiennent à remercier l’Allemagne d’avoir organisé le débat public d’aujourd’hui et de soutenir les initiatives du Conseil de sécurité sur le changement climatique. Nous aimerions également remercier les intervenants pour leurs présentations.

Depuis que l’Allemagne et d’autres États membres ont abordé pour la première fois le thème de la sécurité climatique au Conseil, la corrélation entre le changement climatique et la sécurité n’est plus à démontrer. Il existe de nombreuses preuves dans le monde entier, notamment dans notre région, de la manière dont les sécheresses, les phénomènes météorologiques extrêmes, la désertification et d’autres impacts climatiques provoquent des troubles sociaux, du chômage, une concurrence pour les ressources et des déplacements. Ces facteurs contribuent tous de manière significative aux conflits, à la violence et au recrutement par les groupes terroristes, avec des répercussions négatives disproportionnées sur les jeunes et les enfants, les femmes et les personnes handicapées. Par ailleurs, nous avons cessé de confondre “sécurisation” du climat et “militarisation”.

C’est pourquoi nous aimerions aujourd’hui aborder quatre aspects de la manière dont le lien entre le climat et la sécurité pourrait être rendu opérationnel dans le cadre du Conseil de sécurité.

Premièrement, nous pensons que le Conseil gagnerait à améliorer et à normaliser l’analyse des implications sécuritaires du changement climatique dans les situations inscrites à son ordre du jour, en s’appuyant sur les travaux du mécanisme de sécurité climatique. À ce stade, il conviendrait de soutenir une formation analytique ciblée pour le personnel des missions dans les pays et les situations où le climat est le plus pertinent, afin qu’il puisse intégrer le climat dans ses produits destinés au Conseil et dans sa propre programmation, en utilisant des méthodologies comparables. Nous espérons également que les ressources existantes dans les pays – telles que le PNUD, le coordinateur humanitaire et d’autres agences – fourniront une partie de cette capacité.

Deuxièmement, nous appelons à un développement plus poussé des compétences des Nations unies en matière d’action anticipatoire. Nous félicitons l’OCHA, le PAM, la Banque mondiale et d’autres partenaires pour leurs investissements dans la modélisation et l’analyse visant à favoriser le déblocage de fonds avant les catastrophes et les tensions prévues de manière crédible – le plus souvent liées au changement climatique. On estime que le nombre de vies sauvées et le coût de ces mesures préventives sont très variables, de 7 à 50 dollars par dollar investi, par exemple. Cependant, cela démontre de façon flagrante que c’est dans cette direction que doit s’orienter le système des Nations unies. Nous serions heureux que ces prévisions liées au climat soient utilisées dans les délibérations du Conseil de sécurité, en vue de mobiliser les ressources et les mandats avant, plutôt qu’après, la spirale d’une crise hors de contrôle.

Troisièmement, en ce qui concerne les missions mandatées par le Conseil, nous croyons au principe de “ne pas nuire”. Il convient de renforcer les directives et les contrôles internes des missions afin de s’assurer qu’elles n’intensifient pas les effets climatiques locaux, tels que l’épuisement des eaux souterraines ou la déforestation. Les énergies renouvelables devraient également devenir la première considération pour l’approvisionnement énergétique des missions, tout en présentant l’avantage supplémentaire d’être moins chères que le diesel dans presque tous les déploiements pluriannuels et de créer des infrastructures à long terme pour les communautés locales dans le cadre d’un “dividende de la paix”. Nous soulignons le travail d’Energy Peace Partners et de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables à cet égard.

Enfin, la réponse du Conseil de sécurité au changement climatique doit être coordonnée avec d’autres parties du système des Nations unies et ses partenaires. Elle doit être axée sur la prévention des conflits et l’adaptation au climat, qui sont les deux faces d’une même médaille. Dans le cadre du concept plus large d’action anticipée, il est clair que les activités humanitaires et de développement axées sur la résilience doivent se multiplier dans les pays qui sont vulnérables à la fois au changement climatique et à l’insécurité, afin de réduire la probabilité d’un conflit. En conséquence, nous nous attendons à ce que les mises en garde du Conseil de sécurité en matière d’impact climatique suscitent des réponses proportionnées de la part des agences internationales et de leurs conseils d’administration, et vice-versa. Les Émirats arabes unis sont déterminés à faire avancer cette approche.

Nous sommes convaincus que le débat ouvert d’aujourd’hui peut faciliter une approche pratique et axée sur les résultats face à la vague croissante de menaces pour la sécurité liées au changement climatique. Il s’agit du défi majeur de notre époque, et le Conseil de sécurité peut et doit faire partie de la solution.

Je vous remercie.