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Je vous remercie, Monsieur le Président, d’avoir organisé ce débat ouvert sur les femmes et la paix et la sécurité. Nous nous joignons aux autres intervenants pour remercier le Secrétaire général pour son message percutant sur l’importance cruciale de réaliser la pleine mise en œuvre de ce programme. Nous remercions également la directrice exécutive d’ONU Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, pour son intervention en toute franchise, et nous offrons notre soutien continu à ONU Femmes pour le travail qu’elle accomplit pour faire avancer ce dossier. Nous remercions également Mme Randa Siniora Atallah pour son excellente présentation. En tant que membre du Groupe des Amis des femmes et de la paix et de la sécurité, les EAU approuvent la déclaration commune du Groupe.

Monsieur le Président,

Les EAU joignent leur voix à celles qui félicitent Nadia Murad et Denis Mukwege pour l’obtention du prix Nobel de la paix en 2018. Ils se sont inlassablement consacrés à mettre en lumière le sort des survivants de la violence sexuelle liée aux conflits, et leur travail a amélioré de manière tangible la vie des personnes touchées. Nous félicitons Mme Murad pour les efforts inébranlables qu’elle a déployés afin d’appeler le monde à adopter une position plus ferme sur l’utilisation par Da’esh de la violence sexuelle comme arme de guerre, y compris ici dans son exposé devant cette salle du Conseil. C’est un signal fort qui montre comment les voix individuelles peuvent et doivent placer les femmes et la paix et la sécurité au cœur du programme mondial.

Monsieur le Président,

En définitive, c’est aux États membres qu’incombe la responsabilité principale de faire progresser le programme FPS, et le devoir d’action nous revient . Mais comme l’a montré le briefing du directeur exécutif, nous sommes terriblement en retard sur les objectifs. Le rapport du Secrétaire général se doit de tirer la sonnette d’alarme sur les échecs systémiques en matière de participation des femmes au rétablissement de la paix.

En tant que co-parrains de la résolution 2242 il y a trois ans, nous réaffirmons que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sont essentielles à la prévention des conflits et aux efforts plus larges de maintien de la paix et de la sécurité internationales, pour autant on ne fait pas assez pour atteindre les objectifs de la résolution.

Certaines mesures importantes pour rendre le programme FPS opérationnel ont été prises par les Nations unies au cours des dernières années, mais nous pensons que ces progrès doivent se poursuivre à un rythme plus intense. En fait, 64 % des résolutions et 89 % des déclarations présidentielles, au début du mois d’octobre de cette année, contiennent des références au programme FPS. En 2018, jusqu’à présent, dix femmes ont été invitées à informer le Conseil de sécurité sur des situations spécifiques à un pays. Le réseau des points focaux nationaux, dont les EAU sont un membre fondateur, a également dirigé la coordination et la mise en œuvre du programme FPS au niveau national.

En fait, la mise en œuvre de ce programme sur le terrain reste un défi en raison d’une confluence de menaces allant de la montée du terrorisme et de l’extrémisme, en passant par le ciblage des femmes et des filles dans les zones de conflit et la nature prolongée des crises actuelles. Mais le nombre décevant de femmes dans le domaine de la consolidation de la paix, où les femmes ne représentent que 2 % des médiateurs, 5 % des témoins et des signataires, et 8 % des négociateurs dans les processus de paix officiels, n’est pas acceptable, et nous devons tous nous engager à améliorer ces chiffres. En fait, dans le cadre de nos contributions financières, nous devrions exiger que la participation des femmes aux processus de paix atteigne la barre des 50 pour cent.

Monsieur le Président,

Notre propre expérience nous a appris que notre stratégie d’aide extérieure, dont l’un des trois principaux piliers est la “protection et l’autonomisation des femmes”, est un moyen d’y parvenir.

Les EAU reconnaissent que le financement est essentiel pour la mise en œuvre efficace du programme FPS, en passant des paroles aux actes. C’est la raison pour laquelle nous avons récemment lancé la “Politique 100 % femmes”, qui vise à garantir que d’ici 2021, 100 % de l’aide extérieure bilatérale et multilatérale ciblera ou intégrera l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes en tant qu’éléments clés de notre politique et de notre programmation. Nous espérons que ce modèle sera reproduit et plus largement adopté au niveau mondial. Les études continuent de démontrer la relation directe entre l’égalité des sexes et la prévention des conflits, et nous pensons que cette politique est un moyen réel et tangible d’y parvenir.

Les EAU considèrent également leur partenariat avec ONU Femmes comme un élément clé de la stratégie mondiale de mise en œuvre du programme FPS. Nous croyons en la capacité d’ONU Femmes à faire avancer les choses au niveau mondial, c’est pourquoi nous soutenons ONU Femmes depuis sa création. La contribution des EAU à ONU Femmes en 2018, qui s’élève à cinq millions de dollars américains, n’est pas affectée, mais nous avons exhorté ONU Femmes à utiliser une partie de ces fonds pour assurer la mise en œuvre du programme FPS dans le monde entier. Nous invitons les autres à se joindre à nous pour soutenir ONU Femmes, tant en paroles qu’en actions financières.

En réponse à l’appel du Secrétaire général à augmenter le nombre de femmes dans le maintien de la paix, l’Union générale des femmes des EAU, notre ministère de la défense et ONU Femmes organiseront une formation militaire et de maintien de la paix pour les femmes arabes – la première du genre dans notre région – et certainement un pas dans la bonne direction. L’objectif de cette formation est triple :

Premièrement, augmenter le nombre de femmes officiers militaires dans le secteur de la sécurité en offrant aux participantes une formation leur permettant d’envisager des perspectives de carrière dans les armées nationales et les opérations de maintien de la paix.

Deuxièmement, créer des réseaux d’égal à égal entre les femmes intéressées par une carrière dans l’armée et le maintien de la paix ;

Et troisièmement, de promouvoir les objectifs stratégiques de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, en accordant une attention particulière à l’importance du renforcement des capacités et de la formation.

Les EAU reconnaissent que les opérations de maintien de la paix et le personnel en uniforme restent les représentants les plus visibles des Nations unies, travaillant directement avec les communautés chaque jour, et que l’augmentation du nombre de femmes dans les opérations de paix est un impératif opérationnel.
Monsieur le Président,

Les Émirats arabes unis souhaitent formuler trois recommandations dans le cadre de leur partenariat avec les États membres, les Nations unies et la communauté internationale pour faire progresser ce programme à l’échelle mondiale :

Premièrement, le financement est essentiel. Les EAU approuvent la recommandation du Secrétaire général visant à ce que toutes les entités opérationnelles des Nations unies concernées suivent les allocations budgétaires et les dépenses ciblées et intégrées liées au programme FPS. Ces données serviront à indiquer les progrès réalisés pour atteindre ou dépasser l’objectif minimum de 15 % pour les programmes qui favorisent l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans les contextes de consolidation de la paix. Et nous comprenons qu’un soutien financier est nécessaire si nous voulons réellement promouvoir la participation des femmes à la paix et à la sécurité, c’est pourquoi nous orientons notre financement dans ce sens.

Deuxièmement, nous réitérons les appels du Secrétaire général à améliorer la parité des sexes dans les opérations de paix. Il ne s’agit pas seulement de proclamer la parité des sexes, mais d’un impératif opérationnel : Nous savons que les femmes chargées du maintien de la paix servent de modèles dans les communautés locales, en incitant les femmes et les filles à faire valoir leurs propres droits et à participer aux processus de paix. Les EAU feront leur part pour soutenir la formation des femmes dans l’armée et le maintien de la paix, non seulement dans notre région, mais aussi à l’échelle mondiale, en s’efforçant d’accroître le nombre de femmes dans le secteur de la sécurité.

Enfin, il est essentiel que nous fassions progresser la participation significative des femmes aux processus de paix dans le monde entier et que nous continuions à documenter nos progrès. Nous ne devons pas non plus négliger le processus de paix informel, dans lequel les femmes ont souvent le plus d’impact. Nous savons que depuis la fin de la guerre froide, plus de la moitié des processus de paix informels ont impliqué des efforts concertés de la part de groupes de femmes pour instaurer une paix. Nous devons faire davantage pour lier les processus de paix de type Track I et Track II, en soutenant le Secrétaire général dans ses efforts pour nommer davantage de femmes médiatrices et créer une directive 1325 pour tous les médiateurs afin de renforcer les liens avec la société civile et les organisations de femmes. Dans notre région, nous sommes confrontés à un défi de crises prolongées, qui sont simplement “gérées” en l’absence de solutions politiques. À cet égard, les EAU s’efforceront de soutenir les initiatives politiques existantes, notamment en travaillant avec les envoyés des Nations unies pour soutenir la participation effective des femmes à la consolidation de la paix.

Monsieur le Président,

La véritable participation des femmes est au cœur de la mise en œuvre du programme “Femmes, paix et sécurité”. Il s’agit notamment de reconnaître l’action des femmes et le rôle vital qu’elles jouent dans les communautés locales, ainsi que l’inclusion des femmes dans les processus politiques et de paix, et le renforcement des institutions. Les EAU continueront à promouvoir la participation des femmes en tant que principe clé de nos efforts pour la paix et la sécurité mondiales et s’engagent à travailler à la mise en œuvre effective de l’agenda “Femmes, paix et sécurité”.

Je vous remercie.