Partager

M. le Président,

Je remercie la République d’Afrique du Sud d’avoir convoqué le débat public annuel d’aujourd’hui sur les femmes, la paix et la sécurité, un sujet de la plus haute importance pour les EAU. [Nous profitions de cette occasion pour remercier le secrétaire général pour son rapport annuel sur l’application de la résolution 1325, ainsi que Madame Phumzile Mlambo-Ngcuka, directrice générale d’ONU Femmes et d’autres intervenants pour leurs présentations devant ce Conseil].

Alors que la communauté internationale se prépare à commémorer le vingtième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, ce débat permet un échange opportun d’opinions afin de refléter les réalisations et les défis liés à l’exécution du mandat de la résolution, et d’évaluer les étapes suivantes éventuelles. Les EAU sont fiers d’avoir coparrainé cette résolution.

Les progrès ont été considérables depuis l’adoption de la résolution en 2000, dans la promotion du programme concernant les femmes, la paix et la sécurité. Aujourd’hui, le monde est davantage conscient de la détresse et de la contribution positive des femmes et des jeunes filles en situations de conflit, et de la nécessité de leur participation significative aux processus de résolution, de reprise, de prévention, de maintien et de consolidation de la paix. Les résultats de recherche sont désormais nombreux à reconnaitre que lorsque les femmes participent de manière significative aux processus de paix, la paix est 35 pour cent plus susceptible de durer quinze ans ou plus. Sur la base de cette reconnaissance, plusieurs pays ont pris des initiatives politiques en soutien à l’intégration des femmes dans la politique, la sécurité, la justice et l’économie.

Toutefois, des écarts considérables existent encore dans le programme Femmes, Paix et Sécurité, que ce soit les taux élevés de violence sexuelle et sexiste ou les faibles taux de leadership des femmes et leur participation à la sécurité, la reprise et la résolution des conflits, entre autres indicateurs. Entre 1990 et 2017, les femmes ne représentaient que 2 pour cent des médiateurs, 8 pour cent des négociateurs, et 5 pour cent des témoins et des signataires dans tous les principaux processus de paix. Nous estimons que ces statistiques doivent être améliorées en faveur des femmes et des jeunes filles.

M. le Président,

Les EAU souhaitent souligner quelques initiatives et idées que nous estimons indispensables pour contribuer à la mise en œuvre efficace et intégrale de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU, et des huit résolutions ultérieures.

Tout d’abord, rien ne peut remplacer le financement et la visibilité dans les procédures et les budgets des intervenants en matière de sécurité et de paix. Les EAU soutiennent fermement qu’un minimum de 15% de toutes les dépenses des Nations unies liées à la sécurité et à la paix ciblent explicitement l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, et nous encourageons tous les donateurs de dépasser le minimum requis. Par ailleurs, nous demandons que la priorité soit accordée aux mécanismes de financement qui portent précisément sur les rôles importants des femmes dans les interventions humanitaires et en cas de conflit. Cela pourrait être fait soit en considérant la parité hommes-femmes dans la fourniture d’une assistance post-conflit, soit par des soutiens financiers à cette fin.

De même, nous demandons des lignes budgétaires significatives pour la protection dans l’action humanitaire et de paix des Nations unies, conformes aux conclusions de la conférence d’Oslo sur l’éradication de la violence sexuelle et sexiste dans les crises humanitaires, que nous avons eu l’honneur de coprésenter cette année, au mois de mai. Nous soutenons également vigoureusement l’application obligatoire des marqueurs sexuels et de l’âge dans tous les programmes de l’ONU.

Deuxièmement, nous reconnaissons l’importance de l’augmentation du nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paixet affirmons notre soutien à la stratégie uniforme de parité entre les sexes des Nations unies. Le secrétaire général a soulevé la question de la participation négligeable des femmes dans les rôles de maintien de la paix aux Nations unies au sein des éléments militaires, policiers et civils en conflit.

Comme susmentionné devant cet organisme, les EAU et ONU Femmes ont organisé une formation militaire et au maintien de la paix pour 134 femmes de la région arabe en 2019, visant à doter les femmes des compétences et des réseaux leur permettant de servir et diriger. Je suis très heureuse d’informer qu’à la suite du succès de ce programme, les EAU ont récemment annoncé le deuxième cycle de ce programme, qui devrait être lancé à la mi-janvier 2020, et élargir la portée pour également inclure des femmes stagiaires d’Afrique et d’Asie. Les EAU estiment que ce programme soutiendra les stratégies régionales dans l’application de cette résolution, et ce faisant, nous soutenons la formation militaire et du maintien de la paix des femmes non seulement dans notre région, mais aussi à l’échelle mondiale.

Le gouvernement des EAU s’associe également à ONU Femmes pour présenter un dialogue consultatif sur les femmes, la paix et la sécurité en 2020. Cette conférence soulignera les résultats et les défis liés à l’application intégrale du programme FPS ; mettra l’accent sur les stratégies visant à augmenter la participation des femmes aux processus de paix formels et informels ainsi qu’aux missions de maintien de la paix ; et identifiera les recommandations afin d’augmenter le financement du programme FPS. Nous espérons surtout que ce dialogue consultatif servira de plate-forme pour lancer une série d’activités futures visant à promouvoir le programme Femmes, Paix et Sécurité dans la région.

Troisièmement, les EAU estiment qu’investir dans la participation des femmes à une situation de conflit et post-conflit produit d’excellents rendements dans la résolution efficace de ces conflits. Nous considérons notre partenariat avec ONU Femmes comme une partie intégrante de notre stratégie globale visant à mettre en œuvre le programme FPS. En général, les EAU ont contribué plus de 26 millions de dollars américains au budget de base de l’agence depuis sa création et ont annoncé le mois dernier un nouvel engagement pluriannuel de 15 millions de dollars américains. Ces fonds ont facilité le soutien d’ONU Femmes au programme FPS. Notre solide collaboration se poursuit par l’intermédiaire du bureau de liaison d’ONU Femmes à Abu Dhabi, dont l’accent stratégique est mis sur le développement du partenariat dans le domaine des conseils en matière de politiques et de plaidoyer politique avec les institutions arabes et du Golfe.

Enfin, nous estimons que la participation des femmes à la reconstruction post-conflit aura un impact multiplicatif et doit rester une priorité dans nos actions. Je suis ravie d’annoncer, en marge de ce débat, que les EAU et l’Institut de Georgetown pour les Femmes, la Paix et la Sécurité lancent une série de tables rondes sur le rôle des femmes dans la reconstruction post-conflit, l’un des aspects essentiels de la RCSNU 1325. La série de tables rondes couvrira des questions allant de la participation politique à la réforme du secteur de la sécurité, en mettant l’accent sur l’égalité entre les sexes dans ces divers domaines. En s’appuyant sur les conclusions de cette collaboration, à cette même période l’an prochain, nous publierons un plan d’action pour la communauté des Nations unies, avec une liste restreinte des réformes et des actions clés visant à assurer le maintien de la parité dans les services fournis par l’ONU aux communautés en situation de post-conflit et convalescentes.

M. le Président,

Comme nous l’avons entendu aujourd’hui, le programme FPS n’est pas juste une obligation morale, son application est également essentielle à la prévention du conflit et à l’établissement d’une paix durable. Les femmes sont nos premières intervenantes, notre communauté et les piliers familiaux, et des acteurs de changement. Les EAU restent attachés à cette vision. Dans cet esprit, je souhaiterais préciser que la participation des femmes, en particulier les jeunes, aux réunions d’information sur des questions pertinentes est de toute première importance pour le programme FPS. Permettre à des jeunes femmes, dans la mesure du possible, d’informer le Conseil de sécurité des développements importants ajouterait une valeur essentielle aux processus suivis par le Conseil, et assurerait que le Conseil est conscient des développements par les voix des personnes les plus touchées par le conflit et les crises humanitaires.

Je vous remercie à nouveau.