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Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de présenter cette déclaration au nom des États membres de l’Organisation de coopération islamique, en ma qualité de présidente du groupe de l’OCI.

Tout d’abord, je remercie l’Allemagne pour sa remarquable présidence du Conseil de sécurité ce mois-ci. Je tiens également à remercier Nickolay Mladenov, coordinateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, pour son exposé très complet.

Monsieur le Président,

Lors de notre dernier débat ouvert sur ce sujet en avril 2020, nous étions optimistes quant aux réactions positives dans le monde entier à l’appel du Secrétaire général des Nations unies en faveur d’un cessez-le-feu mondial pour faire face à la pandémie de COVID-19. Nous espérions que la communauté internationale saisirait cette opportunité pour se concentrer sur ce défi mondial sans précédent. Cependant, les pays du Moyen-Orient continuent d’être confrontés à des problèmes de sécurité qui entravent nos efforts pour lutter efficacement contre la pandémie.

Un exemple aigu est celui des Territoires palestiniens occupés (TPO). Alors que l’on observe une recrudescence inquiétante des cas de COVID-19, le projet d’Israël d’annexer unilatéralement de vastes étendues de ces territoires reste une menace imminente. Les États membres de l’OCI sont profondément préoccupés par cette évolution, qui pose des problèmes sanitaires, économiques, sociaux et de sécurité dans les territoires palestiniens occupés. Le 24 juin 2020, M. Mladenov a informé le Conseil de sécurité que “…il est encore temps d’éviter le chaos. Un effort concerté de toutes les parties prenantes et la volonté de prendre des risques politiques pour parvenir à la paix seront nécessaires”. Nous sommes déterminés à soutenir le peuple palestinien et à protéger la solution de deux États, avec un État palestinien vivant côte à côte avec Israël dans la paix, la sécurité et la reconnaissance mutuelle.

Pour atteindre ces objectifs, l’OCI appelle le Conseil de sécurité et les États membres à adopter les priorités suivantes :

Premièrement, nous devons sauver les perspectives de paix. La communauté internationale doit impérativement continuer à faire pression sur Israël pour empêcher la mise en œuvre de plans d’annexion qui violent le droit international, la Charte des Nations unies et les résolutions adoptées par l’ONU. Les États membres de l’OCI ont déclaré à plusieurs reprises leur rejet de l’annexion. Nous réaffirmons que de telles actions unilatérales nuisent au processus de paix et auraient de graves conséquences pour la stabilité et la sécurité de la région et au-delà. Dans cet esprit, les États membres de l’OCI exigent qu’Israël mette fin à toutes ses actions illégales, y compris la construction de murs et de colonies, la confiscation de terres et la démolition de maisons et de propriétés. Israël doit également mettre fin à son blocus illégal de la bande de Gaza, qui entraîne de graves conséquences humanitaires pour le peuple palestinien.

En outre, nous réitérons nos préoccupations concernant les restrictions israéliennes à l’accès aux lieux saints islamiques et chrétiens dans la ville de Jérusalem. À cet égard, les États membres de l’OCI saluent les efforts de Sa Majesté le Roi Abdallah II Ibn Al-Hussein, le gardien des lieux saints islamiques et chrétiens d’Al Qods Al Charif, pour défendre, protéger et préserver la ville et son identité islamique et chrétienne. Nous saluons également les efforts constants déployés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, président du Comité d’Al Qods et nous nous félicitons de l’appel signé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Pape François à Rabat le 30 mars 2019, car il porte sur la nécessité de faire d’Al Qods une ville de paix, de fraternité et de tolérance, en la considérant comme un symbole de la coexistence des fidèles des trois religions monothéistes.

Deuxièmement, nous devons sortir le processus politique de l’impasse dans laquelle il se trouve. Les États membres de l’OCI encouragent le Quatuor et les autres acteurs internationaux clés à œuvrer au lancement d’un processus politique crédible, limité dans le temps et parrainé par des instances multilatérales, conformément au mandat établi. Par ailleurs, le Conseil de sécurité a également un rôle crucial à jouer pour soutenir une solution juste et globale du conflit.

Troisièmement, nous devrions aider le territoire palestinien occupé à répondre efficacement à la pandémie. L’aide devrait se concentrer sur le renforcement de la qualité du système de santé, en particulier dans la bande de Gaza, en plus de l’atténuation de l’impact socio-économique lié à la pandémie. Nous encourageons vivement le financement du plan d’intervention COVID-19 des Nations unies pour le territoire palestinien occupé et l’appel éclair de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orien en réponse au COVID-19. Il est également important de garantir l’accès aux fournitures médicales essentielles et à l’aide humanitaire pour ceux qui en ont besoin.

Enfin, nous devons faire face à la détérioration de la situation humanitaire et économique dans le territoire palestinien occupé. Les États membres de l’OCI sont préoccupés par la fragilité de la situation économique qui y règne, laquelle est encore aggravée par la COVID-19 et l’occupation. Environ un quart des Palestiniens vivent déjà en dessous du seuil de pauvreté. Ce pourcentage pourrait augmenter étant donné que la Banque mondiale prévoit un déclin de l’économie : “… d’au moins 7,6 %, en fonction d’un retour progressif à la normale après l’endiguement de la pandémie, et jusqu’à 11 % dans le cas d’une reprise plus lente ou de nouvelles restrictions en raison d’une nouvelle épidémie” . La communauté internationale ne doit pas ignorer ces tendances alarmantes qui affectent gravement les moyens de subsistance des Palestiniens et l’effort de paix.

En conclusion, nous réitérons notre appel à soutenir le peuple palestinien dans l’exercice de ses droits légitimes, en particulier son droit à l’autodétermination et à la souveraineté sur le territoire de l’État de Palestine, sur la base des frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. En outre, nous demandons le retrait complet d’Israël du Golan syrien occupé jusqu’aux frontières du 4 juin 1967, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Nous insistons en outre sur la nécessité de préserver l’unité, la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’harmonie sociale de la Syrie et réitérons notre soutien à une solution politique à la crise syrienne, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité.

Je vous remercie.